Dania Piccioli, gestionnaire client de Garantie d’Origine chez Nvalue
Aujourd’hui, nous donnons la parole à Dania Piccioli, gestionnaire client de Garanties d’Origine chez Nvalue. Nous abordons avec elle plusieurs questions liées au mécanisme des Garanties d’Origine et la position des consommateurs vis-à-vis de l’électricité d’origine renouvelable.
Pouvez-vous vous présenter et nous en dire plus sur vos missions chez Nvalue ?
Je m’appelle Dania Piccioli et je travaille chez Nvalue depuis 2010. Auparavant, je m’occupais de la gestion de portefeuilles et de la gestion client des Garanties d’Origine. Aujourd’hui je suis responsable de la communication et du marketing. Nvalue est une société suisse active depuis 2008 dans le commerce d’énergie renouvelable. Nous travaillons avec les producteurs d’énergies 100% renouvelables pour lesquels on fait de la gestion de portefeuille ainsi que de la valorisation des GO dans le marché européen, principalement chez les fournisseurs d’électricité et de plus en plus chez des clients grands comptes qui s’engagent en achetant de l’énergie renouvelable pour des raisons de responsabilité sociale et de marketing. Nvalue est aussi active sur d’autres marchés environnementaux et nous faisons du négoce de l’électricité physique court terme sur les principales bourses européennes.
Chez Nvalue, observez-vous un engouement pour le renouvelable de la part des consommateurs ?
Oui, j’observe que de plus en plus de consommateurs sont intéressés à la question, et cela principalement grâce aux campagnes de sensibilisation des dernières 20-30 années. Cependant aujourd’hui, grâce à internet, tout type d’information est accessible à tout le monde, ce qui se traduit des fois dans du terrorisme climatique qui pourrait engendrer des sentiments de désespoir. L’effet risquerait alors d’être l’inverse, à la place de plus s’engager dans des comportements et mesures pour réduire les effets du réchauffement climatique, on laisse tomber, car « il n’y a plus rien à faire ». À mon avis il est donc important que les gouvernements et les acteurs des marchés énergétiques investissent davantage dans la communication pour que l’information qui arrive aux consommateurs soit correcte.
Pensez-vous que la GO est un bon moyen pour récompenser les producteurs d’énergies renouvelables ?
Je pense que c’est le seul, et un bon moyen pour permettre aux consommateurs de choisir l’électricité qu’ils préfèrent. C’est un outil qui permet de développer la demande, qui devrait ensuite développer l’offre. On peut bien dire aux producteurs qu’il y a la GO, mais s’il n’est pas possible de leur assurer la vente de la GO, car il n’y a pas de demande, ils ne peuvent pas tirer du bénéfice additionnel de la vente de cette GO. Donc sans la demande, ce n’est pas un bon moyen pour récompenser les producteurs.
Pensez-vous que les GO sont un bon moyen pour faciliter la transition énergétique ?
Oui, mais il faut que le consommateur comprenne le système. Il faut investir dans la communication, lui expliquer comment le système fonctionne, comment la GO permet de lier la consommation d’électricité à la production d’électricité renouvelable. Les personnes qui ne travaillent pas dans ce secteur n’ont aucune idée de comment ce marché fonctionne, ce qui peut limiter la transition énergétique.
Comment peut-on inciter les consommateurs à souscrire à des contrats verts ?
Je trouve qu’il faudrait faire plus d’efforts du côté des gouvernements, qui devraient investir davantage dans l’information et la pédagogie. Il faut arriver à cibler l’information qui permet de contribuer activement à la lutte contre le réchauffement climatique et insister sur la consommation d’énergie renouvelable ainsi que sur toutes les petites actions que l’on peut faire au quotidien pour réduire notre impact sur l’environnement. Ce rôle pourrait et devrait être joué aussi par les entreprises opérantes dans les marchés énergétiques. Il faut plus de campagnes d’informations, introduire des cours de changement climatique dans les écoles. Si on commence chez les enfants il se peut que les adultes de demain y soient plus sensibles.
« Les gouvernements doivent investir dans l’information et la pédagogie. »
De plus, introduire des mécanismes incitatifs pour motiver les ménages à consommer des énergies renouvelables, par exemple récompenser le meilleur consommateur plutôt que de pénaliser avec des amendes les mauvais comportements. Mais c’est difficile d’appliquer un tel système aux ménages, car ces derniers n’ont souvent pas la liberté de faire ce qu’ils veulent, ou bien n’ont pas le pouvoir économique ou encore ne sont pas informés. Pour inciter les ménages, il faudrait d’abord que les entités publiques soient les premières à s’engager dans la consommation d’électricité verte à titre d’exemple. Car si cela ne vient pas de nos dirigeants on ne peut pas s’attendre à ce que les gens le fassent. Il faudrait aussi développer une certaine préférence pour la consommation d’énergie locale.
Une étude réalisée en Chine par Xie en 2018 indique que la transparence du gouvernement et la connaissance sur les énergies renouvelables sont des facteurs importants pour les consommateurs dans leur choix de consommation d’électricité verte. Qu’en pensez-vous ?
Je suis d’accord. Je trouve que les consommateurs ont encore beaucoup de doutes sur l’impact positif de certaines technologies et sur la véritable soutenabilité des EnR.
Par exemple, je suis souvent confrontée à des doutes liés à la balance entre les bénéfices des projets photovoltaïques en termes d’impact sur les émissions de CO2 au moment de la production et consommation d’énergie, et leur impact environnemental au moment du démantèlement des panneaux. C’est la même chose pour les voitures électriques. Les gens se questionnent sur le traitement de la batterie, sur la soutenabilité des technologies. Toutes ces questions sont souvent un frein pour le consommateur. Selon moi il est nécessaire aller un au-delà de la connaissance sur les énergies renouvelables et consacrer plus d’effort dans le cadre global de l’information sur la soutenabilité.
En Suisse environ 67% de la consommation est couverte par des GO émises en correspondance de production renouvelable, alors qu’en France ce taux est de 7%. Comment interprétez-vous ce taux chez Nvalue ?
Tout d’abord, depuis 2018, la loi impose que la consommation d’électricité en Suisse soit couverte à 100% par des GO. Nous traçons 100% de l’électricité qui est fournie, nous émettons donc des GO pour les technologies qui ne sont pas renouvelables. Même avant, on traçait la plupart de l’électricité fournie avec des GO correspondants à de la production hydroélectrique suisse. Cela, car, d’une part le consommateur Suisse préfère consommer local (et cela en général, pas que avec l’électricité), de l’autre part, les fournisseurs d’électricité locaux étant aussi propriétaires des centrales hydroélectriques et le marché suisse n’étant pas ouvert pour les ménages, les GO correspondantes étaient automatiquement inclues dans les mix.
Merci à Dania Piccioli pour ce témoignage !
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