État des lieux des PPA en Europe 2013 – 2023

par | Juin 28, 2023 | Electricité Verte

En observant le développement des PPA en Europe depuis leur apparition, on peut se demander comment s’expliquent les différences en terme de dynamique des signatures de ce type de contrat d’un pays à l’autre. En effet, les différences en termes de réglementations, prix de l’électricité, voire du rythme de développement des énergies renouvelables entre pays européens ont un impact important sur le développement des contrats PPA.

Dans cet article, nous allons étudier la dynamique des PPA en Europe, sur les dernières 10 années :

 

La définition et les avantages d’un PPA

Un PPA est un contrat d’achat d’électricité qu’une entreprise signe directement avec un producteur d’électricité.

Les PPA représentent plusieurs avantages pour les deux parties du contrat :

1) Du côté des consommateurs, cela leur permet de réduire leur empreinte carbone tout en s’impliquant dans la transition énergétique. Cela leur permet également de maitriser leurs couts énergétiques en s’assurant d’un prix fixe de l’électricité à long terme, et donc de se protéger de la fluctuation des prix du marché.

2) Du côté des producteurs, les PPA permettent de sécuriser des investissements dans les infrastructures de production d’énergie renouvelable, et donc de rentabiliser leur production et mieux planifier leurs dépenses sur des projets futurs.

Pour comprendre en détail le fonctionnement d’un PPA, on vous conseille d’aller voir notre article sur les PPA en France.

 

État des lieux des PPA en Europe entre 2013 et 2023

Les débuts des PPA en Europe

En 2013, les PPA ont été mis en place surtout dans les pays nordiques, grâce à des cadres réglementaires et des mécanismes de soutien aux énergies renouvelables favorables. Les Pays-Bas font aussi partie des premiers pays européens ayant vu se signer un contrat PPA en 2013 avec 50 MW de capacité contractée entre AkzoNobel et Eneco, puis en 2014 avec Google et Eneco, avec 63 MW de plus. 

Le développement prématuré dans ces pays s’explique par la compétitivité des technologies de production d’électricité renouvelable, mais également par la présence d’un grand nombre de consommateurs dits « corporates » dans ces pays, notamment les GAFAM.

Le Royaume-Uni a également participé au développement des PPA en Europe, avec un démarrage assez lent en 2015, mais qui a connu une forte accélération depuis 2018 à cause de prix d’électricité très élevés incitant les consommateurs et les producteurs de se protéger des prix fluctuants.

En Allemagne, c’est en 2018 que le marché des PPA a commencé à se développer. Avant cela, les producteurs allemands ont longtemps profité de mécanismes d’aides aux énergies renouvelables favorisant leur développement. La diminution de ce soutien en 2017 a rendu les PPA plus attractifs financièrement : le premier PPA allemand était signé entre Mercedes-Benz et Statkraft, pour un parc éolien d’une capacité de 46MW.

Enfin l’Espagne a vu les PPA réellement émerger en 2018, grâce à l’atteinte de la parité réseau en 2017. 

PPA contractés en Europe en 2021

ppa en Europe par pays

Source : CRE

En résumé, depuis 2013, le nombre de PPA contractualisés en Europe ne fait qu’augmenter pour atteindre 5700 MW de capacité cumulée entre 2013 et fin 2018, grâce aux Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne et notamment les pays scandinaves.

On peut se demander alors comment les pays nordiques ont permis aux PPA de se développer à ce point.

 

2013-2018 : les pays nordiques prennent la tête

Les pays nordiques ont connu un développement précoce des PPA. La Norvège était et est toujours très dépendante de sa production hydraulique. Cela présente un risque car les conditions météorologiques, notamment le risque de sécheresse, peuvent entraîner une volatilité des prix sur le marché de l’électricité, incitant les consommateurs à se couvrir. C’est une réalité notamment pour les gros consommateurs d’électricité tels que les GAFAM ou les industriels dits « électro-intensifs » présents sur le sol scandinave et qui cherchent à sécuriser leur approvisionnement en électricité. Ces derniers se sont donc naturellement tournés vers les PPA.

Parmi les premiers gros contrats PPA suédois signés en 2013 on compte le premier PPA éolien signé par Google pour le parc éolien Maevaara d’une capacité de 72 MW sur une durée de 10 ans. [1]

Cette longueur d’avance s’explique également par la présence de mécanismes de soutien public, avec notamment la mise en place d’un fonds de garantie pour faciliter la signature de PPA ou encore, le mécanisme des certificats verts qui était le principal soutien public aux EnR en Suède depuis 2003, et en Norvège depuis 2009. Les producteurs d’énergies renouvelables conservaient aussi leurs GO ce qui a rendu la création des PPA d’autant plus avantageuse financièrement.

 

Le formidable élan de l’Espagne sur ces 5 ans 

LEspagne partait pourtant de loin. N’ayant signé aucun PPA entre 2013 et 2018 dû à l’annulation rétroactive du soutien au solaire, il a fallu des années pour retrouver la confiance aux investisseurs. Or depuis 2018 l’Espagne a connu un élan important dans les PPA. Elle se retrouve ainsi aujourd’hui leader européen avec la plus grande capacité installée via des PPA avec notamment +29,1 GW installés entre 2018 et 2021.

PPA contractés en Espagne en 2021

PPA en Espagne

Source : CRE

Qu’est-ce qui explique cet élan de la part de l’Espagne ?

Depuis 2018, l’Espagne s’est fixée des objectifs ambitieux en matière de développement des énergies renouvelables, afin d’atteindre 74% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2030, et 100% en 2050 !

Le mix énergétique résiduel espagnol très carboné (295,83g CO2eq/kWh en 2021), a été un facteur important qui a incité les consommateurs à s’orienter vers les énergies renouvelables. De plus, l’atteinte de la parité réseau des énergies renouvelables dès 2017 a rendu les énergies renouvelables économiquement compétitives.

Enfin, les réglementations mises en place par l’Etat espagnol ont également joué un rôle important dans le développement des de PPA : par exemple les consommateurs dits « électro-intensifs » sont obligés d’approvisionner au moins 10% de leur consommation énergétique grâce à des PPAet comme en Norvège, la mise en place de fonds de garanties a envoyé un signal positif, notamment pour les producteurs qui y voient une sécurité pour vendre leur électricité via des PPA.

 

La France et les PPA : un démarrage tardif

État des lieux des PPA en France

La France était loin derrière l’Espagne avec aucun PPA signé entre 2015 et 2018. Les PPA ont véritablement commencé à se développer en France depuis 2019, mais à un rythme assez faible par rapport aux autres pays européens.

Cependant, depuis 2019, sept PPA ont été signés en France. Parmi eux, le plus gros PPA de France et d’Europe a été contractualisé en 2022, entre Voltalia et Renault Group sur une durée de 15 ans, afin de couvrir 50% de la consommation de l’ensemble des usines d’ici 2027, avec une production de 550 GWh/an.

Malgré ce retard et grâce à cet élan débuté en 2019, on compte un total installé de +1,4GW en France, sur la période 2015 – 2021. Alors qu’est ce qui explique ce retard de la part de la France ?

PPA contractés en France en 2021

PPA en France

Source : CRE

Une électricité française peu chère et peu carbonée

Premièrement, le fait que le mix résiduel français soit largement décarboné (avec 48,57g CO2eq/kWh en 2021), est peu incitatif pour les consommateurs à s’engager dans une démarche de consommation d’énergies renouvelables. 

Ensuite, le prix de l’électricité en France était trop faible pour atteindre la parité réseau comme nos voisins Espagnols. Cependant, de nos jours le prix spot en France est parmi les plus élevés d’UE et dépasse régulièrement les 100 €/MWh ce qui rend les énergies renouvelables et les contrats PPA plus attractifs désormais.

Mix résiduel par pays en 2021

Mix résiduels en 2021

Source : AIB 

La réglementation française pose problème

Malgré la mise en place du complément de rémunération pour soutenir la filière renouvelable française, la réglementation autour des énergies renouvelables impacte négativement les PPA.

Par exemple, dans la législation française, les producteurs subventionnés par l’état se voient expropriés de leurs Garanties d’Origine après leur émission, pour ensuite être vendues aux enchères étatiques. Les producteurs peuvent tenter les racheter, mais sans aucune certitude de les récupérer et sans connaitre l’évolution du prix des Garanties d’Origine. Impossible pour ces derniers de développer des offres à long terme dans ses conditions.

Ces multiples facteurs contraignants n’ont ainsi pas permis à la France de développer un marché des PPA dynamique. Mais ironiquement grâce à la hausse des prix de l’électricité, la tendance est en train de changer.

PPA en Europe

 

Quel futur pour les PPA en Europe ? 

Il ne fait aucun doute que depuis le début du développement des PPA en Europe, les facteurs spécifiques à chaque pays tels que les réglementations des EnR ou le prix de l’électricité, influent sur le rythme de leur développement.

Ainsi avec la prochaine mouture de la directive européenne sur les énergies renouvelables (RED), on peut imaginer que la réglementation sera plus incitative. De la même manière les objectifs de développement des énergies renouvelables des pays européens à 2030 ont été revus à la hausse grâce au FitFor55 ce qui augure des financements plus élevés.

Également, depuis la crise énergétique en 2020 de nombreux observateurs prédisent une stabilité des prix de l’électricité à un niveau haut comme l’Europe peut en témoigner encore depuis le début de l’année 2023. De tels prix vont certainement inciter les consommateurs à vouloir se couvrir à long terme et donc dynamiser d’autant plus les PPA.

Et en France ?

Concernant la France, il faut noter que dans le décret français d’application de la RED-2 à venir, il va être possible pour les producteurs d’avoir la priorité de rachat de leurs Garanties d’Origine sur plusieurs années à l’avance. Cela leur permettrait donc de de répondre aux besoin des entreprises qui souhaiteront consommer de l’électricité d’origine renouvelable sur du long-terme via un PPA.

Ce même décret d’application de RED-2 va mettre en place la traçabilité intégrale en France. Il sera donc possible d’émettre des Garanties d’Origine pour toutes les technologies. Ainsi en fonction de l’appétit des consommateurs pour les GO nucléaires, le mix résiduel français deviendra mécaniquement plus carboné et ainsi peut être devenir aussi un argument en faveur du développement des PPA. (Voir notre papier sur le rôle crucial d’EDF dans la transition énergétique).

 
Sources :

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