Les enjeux de la transition énergétique du mix électrique [4/4] – L’essor économique des énergies renouvelables
L’indépendance énergétique
Le changement climatique
Les risques liés à la production d’électricité
L’essor économique des énergies renouvelables
Mise à jour le 25 mars 2022
Quels sont les enjeux de la transition énergétique aujourd’hui ?
Les énergies renouvelables ont une incidence sur les cinq variables du développement durable, à savoir le social, l’environnemental, l’économique, la politique et la géopolitique. Moins nocives pour l’Homme, les énergies renouvelables permettraient de tendre vers : plus d’indépendance énergétique vis à vis des pays exportateurs d’énergies fossiles, un impact environnemental moindre, des économies locales revalorisées.
Dans ce dossier, nous apporterons un regard centré sur les enjeux d’une transition énergétique du mix du réseau électrique européen.
Le développement des moyens de production d’énergie renouvelable représente un réel potentiel économique via la création de nouveaux emplois. Ceux-ci peuvent être directement ou indirectement liés à la filière. Les emplois directs sont ceux liés par exemple à la construction des centrales et à leur maintenance. Les emplois indirects sont ceux créés par les entreprises qui fournissent les matières nécessaires pour la réalisation des activités directes.
Les énergies renouvelables ont employé 12 millions de personnes dans le monde en 2020, selon les chiffres communiqués par l’Agence Internationale pour les Énergies Renouvelables (IRENA) [1], basée à Dubaï. Ce chiffre est une augmentation par rapport à 2019 (11,5 millions d’emplois).
Potentiel économique : les emplois par technologie d’EnR
Source : IRENA, « Renewable Energy and Jobs », Annual Review 2021
Toujours selon ce rapport, plus de 62% des emplois créés par l’industrie du renouvelable en 2020 étaient comptabilisés en Asie. La Chine est le pays à avoir employé le plus de personnes dans ce secteur, avec 4,7 millions de personnes, suivi ensuite par le Brésil, l’Inde et les Etats-Unis. Cette position de la Chine s’explique essentiellement par les investissements massifs (126,6 milliards de dollars) qu’elle a réalisés en 2018 dans le secteur, soit 3 fois qu’aux USA à l’époque. A noter que le développement important d’industries de fabrication des modules photovoltaïques, explique aussi en grande partie ce classement au premier rang.
Quant à la France, les énergies renouvelables employaient 49 129 personnes en 2021 [2]. Ces emplois se concentrent dans la filière éolienne (18 200 personnes). Cela s’explique par l’augmentation de la production durant la pandémie, mais aussi grâce aux projets éoliens offshore dont plusieurs chantiers ont commencé a démarrer.
Potentiel économique : les emplois générés par les EnR par pays
Source : IRENA, « Renewable Energy and Jobs », Annual Review 2021
Le secteur du renouvelable présente une opportunité de création d’emploi et, par extension, un argument économique. Selon les projections de l’IRENA, la décarbonisation de l’énergie dans le monde créerait 30 millions d’emplois d’ici 2030.
Dans son rapport sur une transition énergétique dans le monde d’ici 2050 [3], l’IRENA compare les évolutions entre les prévisions basées sur le développement des EnR tel qu’il est actuellement et celles basées sur un développement massif des EnR. Selon ses scénarios, l’agence estime que la part du renouvelable dans la production électrique mondiale pourrait passer de 57% à 86% entre 2030 et 2050 dans un scénario idéal, alors que cette part pourrait passer de 38% à 55% si nos efforts restent ce qu’ils sont aujourd’hui.
Cette transition énergétique n’est pas sans conséquence sur l’emploi, puisque le rapport montre le potentiel que représentent les EnR en termes de création d’emplois. Ainsi, si nous faisions des efforts pour le développement des ces dernières, ce sont près de 42 millions de personnes qui pourraient être embauchées dans le monde à l’horizon 2050 (soit environ 16 millions de plus que les projections basées sur le développement actuel). Si l’on regarde le détail par technologie :
Eolienne : 6 millions de personnes pourraient être embau- chées dans la filière dans le meilleur scénario (contre 4,3 millions pour les prévisions actuelles) ;
Hydraulique : 2,7 millions (contre 2,5 millions) ;
Solaire : 18,6 millions (contre 11,5 millions) ;
Géothermie : 238 000 (contre 150 000) ;
Bioénergies : 14 millions (contre 6,9 millions !).
On comprend ici en quoi les énergies renouvelables constituent un enjeu de taille sur le marché mondial de l’emploi.
A noter que dans les deux scénarii (autant dans la continuité du déve- loppement actuel des EnR, que dans celui d’un développement massif), le nombre d’emplois générés par les énergies fossiles basserait entre 2030 et 2050.
Part des énergies renouvelables dans la production d’électricité. Prévisions à 2030 et 2050
Source : IRENA Note : les prévisions PES (jaune) sont celles dans le cas d’un développement des EnR tel qu’il est actuellement ; les prévisions TES (bleu) sont celles dans le cas d’un développement massif des EnR.
Evolution du nombre d’emplois générés par les EnR, par technologie. Prévisions à 2030 et 2050
Source : IRENA Note : les prévisions PES (jaune) sont celles dans le cas d’un développement des EnR tel qu’il est actuellement ; les prévisions TES (bleu) sont celles dans le cas d’un développement massif des EnR.
Evolution du nombre d’emplois créés par filière énergétique. Prévisions à 2030 et 2050
Source : IRENA Note : les prévisions PES (jaune) sont celles dans le cas d’un développement des EnR tel qu’il est actuellement ; les prévisions TES (bleu) sont celles dans le cas d’un développement massif des EnR.
Le tableau ci-dessous donne le rapport entre la production et les emplois créés en 2020 par filière de production d’électricité en France. Les emplois comptabilisés dans le calcul sont ceux directement liés aux différentes filières.
Rapport entre production d’électricité et création d’emplois en France en 2020
Source : RTE et Observ’ER, baromètre des énergies renouvelables 2021 [4]. Données pour la filière nucléaire : EDF [5]. Note : le baromètre d’Observ’ER comptabilise pour certaines technologies uniquement les emplois directs, pour d’autres les emplois directs et indirects.
Plusieurs observations ressortent de ces chiffres. Tout d’abord, les énergies renouvelables regroupées emploient quasiment autant que la filière nucléaire. Pour une production de 100 GWh d’électricité, la filière nucléaire emploie (emplois direct et indirect) 560 personnes, quand pour la même quantité d’électricité produite, les filières renouvelables en emploient (emplois direct et indirect) 450.
On notera que l’hydraulique emploie significativement moins que les autres filières renouvelables. En effet, pour une production de 100 GWh, emploie 200 personnes contre respectivement 680 et 630 pour l’éolien et le photovoltaïque. Ce constat s’explique en grande partie par le peu de maintenance qui nécessitent les installations hydrauliques une fois en service, contrairement aux éoliennes ou aux panneaux photovoltaïques.
Conclusion
Ainsi, l’électricité verte apparaît clairement comme un produit moins risqué pour l’homme que le nucléaire ou les centrales à charbon. De plus, l’intérêt des énergies vertes est de générer de l’emploi et de favoriser l’activité économique. La transformation énergétique mondiale est en marche et les emplois liés soutiennent la durabilité socio-économique, ce qui constitue une raison de plus pour que les pays s’engagent en faveur des énergies renouvelables.
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Les enjeux de la transition énergétique du mix électrique [3/4] – Les risques de l’énergie
L’indépendance énergétique
Le changement climatique
Les risques liés à la production d’électricité
L’essor économique des énergies renouvelables
Mise à jour le 22 mars 2022
Quels sont les enjeux de la transition énergétique aujourd’hui ?
Les énergies renouvelables ont une incidence sur les cinq variables du développement durable, à savoir le social, l’environnemental, l’économique, la politique et la géopolitique. Moins nocives pour l’Homme, les énergies renouvelables permettraient de tendre vers : plus d’indépendance énergétique vis à vis des pays exportateurs d’énergies fossiles, un impact environnemental moindre, des économies locales revalorisées.
Dans ce dossier, nous apporterons un regard centré sur les enjeux d’une transition énergétique du mix du réseau électrique européen.
Dans son rapport [1] sur les risques d’accidents des filières énergétiques de 1969 à 2000, la Nuclear Energy Agency fait une étude comparative du nombre d’accidents et de décès causés par les différentes sources d’énergie.Celui-ci se base sur les données de l’Institut Paul Schaerrer (IPS). Cette étude recense le nombre d’accidents et de décès immédiats causés par source d’énergie. Ces chiffres ne tiennent compte que des décès causés par l’accident et non ceux causés chroniquement. Par exemple, l’étude ne donne que des statistiques liées à l’accident de Tchernobyl en lui-même et ne comptabilise pas, notamment, les décès par irradiation.
Nombre d’accidents et de décès de 1969 à 2000, par filières énergétiques
Source : Évaluation de risques d’accidents nucléaires comparés à ceux d’autres filières énergétiques, NEA
Il apparaît que les énergies fossiles provoquent plus d’accidents et de décès que les autres sources d’énergie. Ainsi, plus de 65% des accidents résultaient des énergies fossiles avec le charbon en tête. Sur la période référencée, celui-ci a été responsable de 1119 accidents, soit près des deux tiers des accidents causés par les énergies fossiles.
Il y a également une grande différence entre les pays membres de l’OCDE et les pays non membres, c’est-à-dire les pays les plus développés économiquement et les autres. La Chine se distingue ainsi par le taux de mortalité lié à son activité charbonnière.
“Les énergies fossiles provoquent plus d’accidents et de décès que les autres sources d’énergie.”
En faisant une analyse par nombre de décès, le charbon, le pétrole et l’hydraulique ont été les principales causes de pertes de vies. Si l’hydraulique figure en tête, c’est en raison de la rupture du barrage de Banqio/Shimantan en Chine en 1975 et de son impact important, ayant causé la mort de 26000 personnes.
Si cette étude permet de quantifier le risque industriel du secteur de l’énergie, elle ne permet toutefois pas de connaître le rapport entre le nombre de décès et le volume de production d’électricité. En effet, pour se faire une meilleure idée des risques, il faudrait savoir combien d’énergie est produite par filière pour ensuite évaluer un taux de mortalité par rapport à celui-ci.
L’étude suivante permet de se faire une idée. Le rapport de l’Académie des Technologies dresse un bilan de l’impact sur la santé et la sécurité de l’homme qu’entraîne l’usage de différentes sources d’énergies pour la production de l’électricité. Ce rapport porte sur les 28 pays de l’UE et utilise les données de production d’électricité de 2014. Il souligne que pour une même quantité d’électricité produite, les effets sur la santé et la sécurité diffèrent d’une source à une autre. Le pétrole ne représentant qu’une part infime du mix énergétique nécessaire à la production d’électricité, retenons que le charbon se démarque ici aussi particulièrement par sa nocivité.
Décès annuels estimés en 2014 par source de production d’électricité
Source : Impact sur la santé des filières de production d’énergie, version 2017 [2]
L’étude donne également le nombre d’années de vie perdues par GWh produit :
Années de vie perdues par GWh
Source : Impact sur la santé des filières de production d’énergie, version 2017 [3]
Malheureusement, ces études ne permettent pas d’évaluer le risque des nouvelles énergies renouvelables, notamment l’éolien et le photovoltaïque, qui se sont fortement développées ces dernières années. Nous pouvons noter néanmoins, qu’uniquement sur la base des accidents et sans compter les effets néfastes sur le réchauffement climatique, que les différentes industries fossiles sont nettement plus risquées pour l’être humain que le nucléaire. Cette constatation doit néanmoins prendre acte du fait que les effets de l’accident de Fukushima du 11 mars 2011 ne sont pas inclus dans l’étude.
Une étude plus récente, publiée en 2015, par le Paul Scherrer Institut, permet de comparer les risques associés aux différentes filières énergétiques et ce, en incluant l’impact du réchauffement climatique. Elle se base sur les événements ayant eu lieu de 1970 à 2008, ce qui permet d’avoir un historique important, tout en restant dans une réalité suffisamment récente pour prendre en compte l’évolution des normes et pratiques dans le monde industriel. L’étude dresse un bilan sur la santé humaine liée à un déroulement normal des opérations de production d’électricité et aux accidents industriels. Elle analyse également les risques associés à la menace terroriste. Elle note enfin que l’essentiel des risques concernant les énergies fossiles sont en amont de la production d’électricité en raison, notamment, de l’extraction minière, alors que pour les filières nucléaire et hydraulique, l’essentiel des risques est inhérent à la production d’électricité sur le site.
« […] l’essentiel des risques concernant les énergies fossiles sont en amont de la production d’électricité en raison, notamment, de l’extraction minière […] »
Concernant les risques industriels, l’étude compare différentes filières énergétiques selon le nombre de décès moyen par GWh produit et fait état des effets les plus graves en cas d’accident. Ces chiffres prennent en compte l’ensemble de la chaîne de valeur, l’exploration et l’extraction de matières premières (upstream), la transformation des matériaux en produit final, les activités de transport et de stockage, la production d’électricité et de chaleur et enfin le traitement des déchets (downstream).
A partir du tableau ci-dessous, nous pouvons comparer les filières en fonction de leur risque et dangerosité. Attention à bien noter que l’échelle de ce graphe est logarithmique. Le charbon tue un peu moins de 0.001 personne par GWh produit en Chine, soit environ 1000 fois plus que dans l’OCDE où il tue un peu plus de 0.00001 personne par GWh. La filière la plus risquée pour les populations humaines est celle du charbon. Le pétrole présente sur ce graphe d’importants risques aussi. Il faut cependant rappeler que le pétrole est peu utilisé pour produire de l’énergie électrique. L’hydraulique apparait également comme à haut risque, ce qui est en ligne avec les études présentées précédemment.
Néanmoins, dans les pays de l’OCDE, cette dernière apparait comme beaucoup moins risquée. Enfin, le nucléaire semble comparable à l’hydraulique en termes de risque. Le nucléaire de 3ème génération semble même bien plus sûr. Il faut tout de même rappeler qu’il y a à ce jour encore peu de réacteurs de 3ème génération en opération et que leur mise en service est encore récente ou à venir. Par ailleurs, concernant l’hydraulique, seuls les réservoirs apparaissent, ce qui laisse de côté l’hydraulique au fil de l’eau. Les installations hydrauliques au fil de l’eau, telles que les barrages le long du Rhône par exemple, représentent des risques moins importants que les barrages de montagne appelés réservoirs. Enfin, il est nécessaire de rappeler ici que l’hydraulique et le nucléaire ont en commun de présenter le danger d’un accident majeur sur site. La fréquence de tels événements est faible, donc le rap- port de morts par GWh produit doit être étudié avec un certain recul.
« Les filières renouvelables présentent moins de risques que les filières fossiles ».
Les filières fossiles, et le charbon en particulier, portent des risques importants en amont de la produc- tion. Les conséquences par événe- ment sont potentiellement moins importantes mais les accidents sont beaucoup plus fréquents et leur cumul rend celles-ci beaucoup plus nocives. L’ensemble des filières renouvelables dites nouvelles (hors réservoirs hydrauliques) est de ma- nière évidente moins risqué que les filières fossiles.
Severe accident fatality rates and maximum consequences (black points) assessed for selected electricity supply technologies with the associated energy chains.
Source : Etude du Paul Scherrer Institut, 2015.
L’étude est bien plus complète que le tableau présenté ici. En effet, il est observé qu’à court et moyen terme, l’impact du réchauffement climatique et la génération d’autres particules sont les causes majeures de mortalité et qu’à plus long terme, les effets sur les nappes phréatiques deviennent prépondérants.
Du fait que la filière charbon se démarque par son niveau de risque, nous vous proposons un complément d’information sur cette filière. En effet, l’exploitation de la mine de charbon n’est pas seulement nocive pour les travailleurs et les populations voisines des sites industriels. Ces combustibles émettent beaucoup de gaz qui, outre leur impact sur le climat, ont un impact non négligeable sur la santé des populations humaines, en raison des grandes quantités rejetées et propagées dans l’air.
En Europe, on dénombre 280 centrales thermiques, qui ont entraîné plus de 22 900 décès en 2013 selon une étude menée par les organisations Sandbag, Heal, CAN et WWF, ce qui est comparable aux 25300 décès annuels causés par les accidents de route dans l’UE.
Risques de l’énergie : les décès liés à la pollution du charbon en France
La France possède aujourd’hui 56 réacteurs nucléaires (suite à la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim), juste derrière les États-Unis qui en possèdent 95. Si cette industrie n’apparait pas comme la plus risquée, elle est une source d’angoisse dans notre pays. Il est donc important d’apporter quelques éléments de compréhension concernant cette source d’énergie. Il faut faire la distinction entre risque et danger. En science, la notion de risque est associée à la multiplication d’une probabilité et d’une conséquence (danger) mesurable.
Un danger dont la gravité peut être importante peut avoir une probabilité d’occurrence très faible. Dans ce cas, l’inquiétude devrait être limitée. Mais sait-on vraiment calculer cette probabilité ? C’est tout le problème des accidents dont la fréquence est très faible. Nous n’avons alors pas beaucoup d’éléments pour étudier la probabilité qu’ils arrivent de nouveau, notamment parce qu’il est difficile d’en déterminer exhaustivement les causes.
C’est pour cette raison que le principe de précaution a sa raison d’être. Ce principe expose que, malgré l’absence de certitude à un moment donné, dû à un manque de connaissances techniques, scientifiques ou économiques, il convient de prendre des mesures anticipatives de gestion de risques à l’égard des dommages potentiels sur l’environnement et la santé. Néanmoins, ce principe s’applique davantage à de nouvelles technologies (nanotechnologies, ondes émises par les téléphones portables) ou biotechnologies (OGM), dont les conséquences ne sont pas encore connues.
Dans ce cas que dire du nucléaire ? Quels sont les dangers et sait-on avec des moyens fiables déterminer si un accident a des chances raisonnables d’avoir lieu ? Même si les accidents majeurs sont rares, il y a suffisamment d’évènements concernant le nucléaire pour rendre le risque d’accident probabilisable et les dommages mesurables. Il est donc préférable d’avoir plutôt une approche de prévention que de précaution.
« […] malgré l’absence de certitude à un moment donné, dû à un manque de connaissances techniques, scientifiques ou économiques, il convient de prendre des mesures anticipatives de gestion de risques à l’égard des dommages potentiels sur l’environnement et la santé […] »
Concernant la gestion du risque d’accident, la démarche de prévention en France et celle dite de « défense en profondeur » qui est décrite par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Il y a essentiellement deux dangers. Le premier est celui d’un accident majeur sur une centrale nucléaire et le deuxième est la contamination par les déchets radioactifs, dont ceux liés au démantèlement des centrales. Le premier danger est traité par les études présentées précédemment.
Il apparait qu’au regard des événe- ments passés, la filière nucléaire n’est pas la plus nocive pour les populations. Mais au vu de la faible occurrence de tels événements et de l’angoisse générée par cette industrie il semble important de creuser un peu plus le sujet.
Echelle de gravité des accidents du nucléaire
Source : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Focus sur les accidents majeurs sur des centrales nucléaires et les risques associés
L’histoire du nucléaire civil est marquée par quatre accidents majeurs. Celui de Kychtym en URSS en 1957, celui de Three Mile Islande-Pennsylvanie aux USA qui s’est produit en 1979, celui de Tchernobyl en Ukraine (URSS) en 1986 et le tout récent de Fukushima en 2011 au Japon. L’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques dite INES a été mise en place en 1990 suite à l’accident de Tchernobyl.
Il classe l’accident de Tchernobyl et celui de Fukushima au niveau 7, soit le niveau maximal et celui de Kychtym au niveau 6 (dont il faut rappeler qu’il a eu lieu sur un complexe militaro-industriel, ce qui en fait un cas à part). Celui de Three Miles Islands n’a pas eu de conséquences sanitaires majeures observables. Les trois autres accidents sont ceux qui ont eu des effets catastrophiques sur les populations.
Nous vous proposons de nous arrêter sur les deux classés niveau 7 : Tchernobyl et Fukushima.
Tchernobyl (URSS – 1986)
L’accident de Tchernobyl est la plus grande catastrophe que l’industrie nu- cléaire ait causée. Les explosions des réacteurs ont laissé dans l’atmosphère des déchets radioactifs équivalant à 200 fois la radioactivité générée par la bombe lancée en 1945 sur Hiroshima et Nagasaki. L’accident s’est étendu sur un rayon très vaste. Ainsi, l’Ukraine, la Russie, la Biélorussie et certains pays européens ont subi les conséquences de cet évènement.
Photo de Tchernobyl après la catastrophe prise en 1986
En 2006, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a fait un rapport donnant des ordres de grandeur des décès et contaminations dus aux radiations de 1986 à 2065. Selon l’agence, il est estimé que l’accident de Tchernobyl, qui a causé 31 décès liés à l’explosion et aux opérations menées directement après, sera responsable de 16 000 décès liés à différents cancers d’ici 2065.
Par ailleurs, le déplacement des populations ou l’impact psychologique lié à la crainte d’être contaminé, a eu des impacts multiples pouvant aller jusqu’aux décès prématurés. Enfin, la perte d’une portion importante du territoire a un coût socio-économique lourd pour l’actuelle Ukraine.
Fukushima (2011 – Japon)
Le Japon reconnait la mort d’1 employé directement imputable à la catastrophe. Cette personne a été exposée à de fortes radiations et est décédée d’un cancer peu de temps après. Le risque d’une relation de cause à effet est suffisamment important pour justifier sa reconnaissance. Outre ce cas, d’après l’OMS, les doses d’irradiations émises n’auront finalement pas été suffisamment importantes pour créer un risque significatif de cancer au sein de la population exposée.
Néanmoins les conséquences pour la population locale de cette catastrophe sont importantes. Dans une note dédiée, l’OMS déclare « On a signalé une nette augmentation de la mortalité chez les personnes âgées qui avaient été placées dans des logements provisoires, ainsi qu’un risque accru de maladies non transmissibles telles que le diabète et des problèmes de santé mentale. Le manque d’accès aux soins de santé a contribué à la détérioration de la santé. ». L’IRSN propose une analyse sur le sort des évacués et les conséquences sociales de l’accident. Le rapport fait état d’environ 160 000 personnes déplacées suite à l’association de deux catastrophes, à savoir le tsunami et l’explosion de la centrale nucléaire. Cette augmentation de la mortalité déplorée par l’OMS reste difficile à chiffrer.
Photo de la centrale de Fukushima après la catastrophe prise en 2011
Différentes études existent pour évaluer les conséquences sociales de cette catastrophe. En voici deux qui sont choisies à titre d’illustration. Elles sont choisies afin de donner une idée de l’éventail des conséquences en sachant que bien d’autres effets ont été analysés. Une étude parue dans le US National Library of Medicine National Institutes of Health analyse le lien entre le taux de suicide et l’accident. La hausse de leur taux de suicide montre que les personnes âgées ont particulièrement souffert des opérations d’évacuation. Les résultats montrent aussi que, paradoxalement, ce taux a baissé pour la population masculine adulte (entre 30 et 69 ans) juste après l’événement, même si ce taux est monté par la suite au-delà du taux d’avant la catastrophe.
« Une catastrophe comme celle de Fukushima a des impacts très divers qui ne sont pas faciles à chiffrer. Il apparait néanmoins que les impacts significatifs sont davantage liés aux décisions rapides qui sont prises en temps de crise […] »
Une autre étude d’un organisme privé américain de recherche scientifique dédié principalement aux questions économiques, le NBER, questionne par exemple l’emploi abusif du principe de précaution au Japon. En effet, suite à la catastrophe, l’intégralité des centrales nucléaires a été immédiatement arrêtée. Or celles-ci produisaient 30% de l’électricité du pays. A savoir que ces centrales ont été redémarrées par la suite. Cette mesure a fait exploser le prix de l’électricité résultant à une précarisation des plus démunis et au décès de plusieurs milliers de personnes selon cette étude. Cet article résume la problématique à un emploi abusif du principe de précaution. Il est possible de se demander s’il s’agit réellement d’une application de ce principe. Ceci-dit, on peut aussi se demander si en temps de crise, un gouvernement ne cherche pas avant tout à se protéger de tout reproche. En particulier au sein d’une démocratie. Dès lors, ces conséquences indirectes font partie d’une réaction en chaîne ayant pour cause la catastrophe. Il est logique de les prendre en considération.
Une catastrophe comme celle de Fukushima a des impacts très divers qui ne sont pas faciles à chiffrer. Il apparait néanmoins que les impacts significatifs sont davantage liés aux décisions rapides qui sont prises en temps de crise. A noter que ces décisions sont jugées à posteriori et qu’une catastrophe amène presque obligatoirement à de telles décisions. Il faut donc les prendre en compte lorsque qu’une industrie peut engendrer de tels événements.
Alors que dire sur la France qui recense 56 réacteurs sur son sol ?
Si le risque zéro n’existe pas il y a quand même des éléments rassurants à avoir en tête avec notamment une idée reçue à relativiser : les centrales vieillissantes ne présentent pas automatiquement de plus en plus de risques.
Le tableau ci-dessous énumère le nombre d’événements significatifs de sûreté (ESS) transmis à l’ASN (Agence de Sureté Nucléaire) recensés selon l’âge des réacteurs. Attention, un ESS n’est pas un événement grave. Les déclarations d’incidents sont fréquentes par souci de transparence sur la gestion des centrales. Elles ne présentent pas de danger pour les populations ni pour les personnes travaillant sur le site.
En France, seuls deux événements de niveau 4 (dangereux sur site mais pas pour les populations environnantes) ont eu lieu, en 1969 et 1981 sur le site désormais hors service de Saint-Laurent. Les ESS permettent d’anticiper le caractère risqué d’une centrale si la répétition et la gravité tend à augmenter. Les centrales vieillissantes ne présentent pas automatiquement de plus en plus de risques.
Nous pouvons observer que les centrales vieillissantes ne sont pas automatiquement celles qui déclarent le plus d’anomalies. Cela indique qu’elles ne sont pas for- cément les plus risquées. Donc il ne faut pas forcément fermer les centrales nucléaires à marche forcée, surtout quand celles-ci contribuent jour après jour à produire de l’électricité décarbonée.
Outre le risque d’accident, les centrales nucléaires génèrent des éléments radioactifsqui sont sources de craintes pour l’environnement et la santé des populations humaines. Ces craintes sont essentiellement liées à la gestion des déchets nucléaires.
Source : ANDRA, Centrale de stockage de l’AUBE
Il y a déchets et déchets…
En France, environ 2 kg de déchets radioactifs sont produits par an et par habitant[4] pour toutes les activités nucléaires (production d’électricité, recherche, médecine ou industrie). La majorité d’entre eux (59,6% des déchets radioactifs) sont des déchets issus de l’activité des centrales nucléaires pour la production d’électricité [5]. A titre de comparaison, un habitant en France est responsable de 573kg de déchets ménagers chaque année. C’est l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) qui s’occupe de la gestion des déchets radioactifs. En tout, ce sont bien 646 000 m3 de déchets nucléaires qui sont regroupés dans les centres de stockages situés dans l’Aube (le Cires et le CSA) qui ont pris le relais sur le centre de stockage de la Manche, actuellement en cours de fermeture. A noter que les deux centres actuellement en fonctionnement ont respectivement atteint 50,5% et 32% de leur capacité totale de stockage autorisée.
Les déchets nucléaires sont classés selon leur niveau de radioactivité et la durée de vie de celle-ci.
Gestion des matières et déchets radioactifs
Source : ANDRA ; « Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs : 2013-2015 », 2017
Les déchets à faible activité (TFA et FA) sont entreposés soit sur les sites des installations qui les ont générés, soit dans des centres de stockage. Ces déchets sont notamment constitués de béton ou d’acier et de matériel ayant été exposés aux radiations mais à faible dose. A noter que depuis 1992, 646 000 m3 de déchets nucléaires ont étés stockés par les infrastructures de l’ANDRA [6].
Répartition du volume et du niveau de radioactivité par type de déchet radioactif
Source : ANDRA, « Tout savoir sur les déchets radioactifs »
Le principal centre de stockage – le Cires (localisé à Morvilliers), justifie d’une capacité totale de 650 000 mètres cubes, qui arrivera à saturation d’ici 2030[7]. Pour autant, la hausse de la production de déchets est significative. Néanmoins, il est utile de préciser que la grande masse de déchets radioactifs (env. 96%) ne sont que faiblement dangereux pour la santé des populations humaines.
La vie d’un déchet nucléaire hautement radioactif
Les déchets à haute activité (HA) et moyenne activité vie longue (MA-VL), c’est-à-dire les plus dangereux, représentent 3,3% du volume mais 99,8% de la radioactivité cumulée. Ce sont eux qui nécessitent une attention particulière. Ce sont notamment ces déchets qui peuvent maintenir une radioactivité très forte pendant des siècles.
Comment sont-ils constitués ?
L’uranium 235 est le plus utilisé des combustibles pour produire de l’électricité en dégageant de la chaleur par fission nucléaire. Les barres d’uranium sont en fait composées à 96,5% d’uranium 238 et seul 3,5% est de l’uranium 235 enrichi et fortement radioactif.
Après quelques années, le combustible est usé et devient inutilisable car la part d’uranium 235 devient trop faible. Si l’uranium 238 reste intact, la fission du l’uranium 235 aura lui engendré différents produits, tous très radioactifs, des produits de fission, du plutonium et des actinides mineurs. L’essentiel de la masse restante (95%), composé d’uranium 238 et d’une faible part d’uranium 235 est entreposé car elle constitue un combustible potentiel pour des centrales de prochaine génération. Le reste est retraité dans l’usine Areva de la Hague et partiellement valorisé à l’usine de Marcoule dans le Gard. Le plutonium extrait permet de produire du combustible pour des centrales nucléaires, le MOX. Le reste est considéré comme des déchets hautement radioactifs. Ils sont vitrifiés pour les rendre moins contaminants.
Ces déchets vitrifiés augmentant, il est devenu important de trouver une solution pour les stocker en lieu sûr, à défaut de pouvoir réduire leur dangerosité. La mise en service du Cigéo, un centre d’enfouissement à 500 mètres sous la commune de Bure dans la Meuse est en cours de préparation. L’ensemble des déchets HA et MA-VL pourront y être stockés. Cependant celui-ci rencontre des difficultés quant à son acceptation par les populations environnantes.
Source : ANDRA ; Écorché (maquette) d’un colis standard de déchets vitrifiés.
A propos du démantèlement des centrales et des déchets qui en découlent
Il existe actuellement 36 installations en cours de démantèlementen France [8]. Parmi elles, la centrale de Chooz est actuellement dans ce processus. Elle ressemble à la centrale de Fessenheim, même si plus petite. Il s’agit d’opérations coûteuses en raison de l’application d’une réglementation très stricte. La Cour des comptes recommande même un allongement de 15 ans dans la feuille de route de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en raison de la hausse du coût de ces opérations.
« Le dilemme de démantèlement est celui du coût économique de l’application de politiques contraignantes liées à la gestion des déchets massifs inhérents aux opérations de démantèlement. »
A propos des déchets liés au démantèlement de centrales, un problème qui se pose est celui de la masse de déchets produite. L’actuelle gestion des déchets exclut toute « libération » de déchets à partir du moment où ils sont susceptibles d’être radioactifs. Nous parlons ici de déchets dits de très faible radioactivité (TFA) qui sont notamment entreposés au centre de stockage de Cires. Le CEA pose donc la question de revoir la règlementation en vigueur concernant ces déchets.
Le dilemme de démantèlement est celui du coût économique de l’application de politiques contraignantes liées à la gestion des déchets massifs inhérents aux opérations de démantèlement. En clair, une grande partie des déchets ne présentent pas de risque ni même de danger bien identifié pour la santé humaine ou l’environnement, mais il est jugé préférable d’appliquer des mesures de sécurité au cas où. La question est : combien notre société est-elle prête à payer pour cela ?
En effet, dans la mesure où il est possible de mesurer la radioactivité des déchets, il serait possible de considérer comme radioactifs uniquement les déchets dépassant un certain seuil. Il faut rappeler ici que la radioactivité est présente naturellement dans notre environnement et qu’elle ne présente un danger pour l’homme qu’à partir du moment où elle dépasse certains seuils.
En conclusion
Les risques de l’industrie électrique sont inégaux selon les filières énergétiques choisies.
Il apparait unanimement que la filière charbonnière est particulièrement nocive pour l’être humain. Celle-ci représentant encore une des principales sources d’énergies utilisées pour produire de l’électricité en Europe et dans le monde, il est urgent d’œuvrer pour son remplacement.
A propos du nucléaire, qui est la principale source de production électrique en France, il faut bien distinguer la notion de risque de celle de danger. Le danger lié à un accident majeur sur une centrale peut avoir des effets graves. Il faut néanmoins relativiser la nocivité de cette filière au regard du faible nombre d’accidents majeurs ayant eu lieu. Nous pouvons retenir qu’il est importantd’évaluer les risques des filières industrielles au regard des études réalisées, mais qu’il faut aussi admettre que nous ne pouvons pas avoir une vision exhaustive de ceux- ci. Mais ne devrait-on pas au moins identifier un danger pour l’appliquer ? Il apparait par exemple que la gestion des déchets faiblement radioactifs engendre des coûts liés à des angoisses qui ne sont même pas liées à la possibilité manifeste d’incidence sur la santé humaine ou sur l’environnement.
Dans ce cas, quel prix la société doit-elle payer pour leur gestion ? Et surtout, dans la lutte contre le réchauffement climatique, qui est le danger aux conséquences les plus lourdes, doit-on accélérer la fermeture des centrales nucléaires alors même qu’elles contribuent à limiter les émissions de gaz à effet de serre ?
Les énergies renouvelables présentent un profil de risque relativement bas. Il faut souligner le cas particulier des barrages hydrau- liques. Au sein de l’OCDE l’histoire permet de considérer cette filière comme relativement peu risquée. Néanmoins, c’est assez différent dans les pays en dehors de l’OCDE. A noter aussi l’impact négatif très important sur les statistiques de la filière entière dû à l’accident survenu sur le barrage chinois de Banqio/Shimantan en 1975.
Nous pouvons enfin conclure qu’au-delà de l’impact positif sur le réchauffement climatique, le développement des énergies renouvelables permet d’avoir des moyens de production moins risqués pour la population. Cela montre une fois de plus qu’il faut agir pour leur développement et la transition énergétique.
Nous sommes l'association de promotion de l'électricité verte.
Alors que la France figure tristement parmi les derniers en Europe à consommer de l’électricité verte avec 17,43 % seulement, des millions de Français cherchent à agir en marchant pour le climat ou en luttant contre l'écologie punitive.
Faire le choix de l'électricité verte, c'est décarboner notre air, soutenir une économie pérenne, locale et assurer un futur vivable pour nos enfants.
Notre objectif : faire de la France le 1er pays consommateur d'électricité verte en Europe
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Les enjeux de la transition énergétique du mix électrique [2/4] – Le dérèglement climatique
L’indépendance énergétique
Le changement climatique
Les risques liés à la production d’électricité
L’essor économique des énergies renouvelables
Mise à jour le 03 mars 2022
Quels sont les enjeux de la transition énergétique aujourd’hui ?
Les énergies renouvelables ont une incidence sur les cinq variables du développement durable, à savoir le social, l’environnemental, l’économique, la politique et la géopolitique. Moins nocives pour l’Homme, les énergies renouvelables permettraient de tendre vers : plus d’indépendance énergétique vis à vis des pays exportateurs d’énergies fossiles, un impact environnemental moindre, des économies locales revalorisées.
Dans ce dossier, nous apporterons un regard centré sur les enjeux d’une transition énergétique du mix du réseau électrique européen.
Les objectifs principaux de la loi de transition énergétique pour la croissance verte sont multiples. On y retrouve notamment la lutte contre le dérèglement climatique, la préservation de l’environnement pour les générations futures et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Rappelons tout d’abord quelques bases. L’air est un mélange de plusieurs gaz. Il est naturellement composé de 78% d’azote, 21% de dioxygène et 1% d’autres gaz (vapeur d’eau, dioxyde de carbone, l’ozone, etc.). Parmi ces gaz rares figurent des gaz dits « à effet de serre » (GES).
L’effet de serre est un phénomène naturel qui permet la vie sur Terre. Il permet d’avoir une température moyenne de + 15°C sur Terre au lieu de -18°C.
Ces gaz captent en effet une partie des rayonnements solaires et absorbent les infrarouges émis par la Terre. La vapeur d’eau, le dioxyde de carbone, le méthane, l’ozone et le protoxyde d’azote sont les princpaux GES naturellement présents dans l’atmosphère. Le plus abondant dans l’atmosphère étant la vapeur d’eau (H2O), qui contribue le plus à l’effet de serre naturel. Le CO2 est naturellement rare dans l’atmosphère, et contribue à l’effet de serre à quantité égale avec la vapeur d’eau par exemple.
Les émissions de CO2 responsables du dérèglement climatique
Les activités humaines, principalement l’extraction ou la combustion des énergies fossiles, sont responsables de l’émission de GES additionnels. Le GES le plus émis par l’activité humaine est le CO2.
En 2019, le CO2 représentait 68% des gaz à effet de serre anthropiques[1]. Ces émissions sont principalement issues des transports, des procédés industriels, des secteurs résidentiel et tertiaire. Pendant la période préindustrielle, la concentration [2] de CO2 dans l’atmosphère était de 278 ppm (particules par million). De nos jours, elle est autour de 413,2 ppm [3].
Cette forte concentration de CO2, suivie de la déforestation, intensifie l’effet de serre et cause le réchauffement climatique. Elle cause aussi la destruction de la couche d’ozone, le changement de croissance et denutrition des plantes et l’acidification des océans.
Il y a de nombreuses conséquences sur l’environnement : la désertification ; la fonte des glaces ; l’augmentation du niveau de la mer et bien d’autres effets, souvent catastrophiques. À titre d’exemple, les régions Amérique de Nord et Europe du Nord connaissent une hausse des précipitations [4], tandis que le sud de l’Afrique, le Sahel et certaines parties de l’Asie du Sud connaissent une baisse des ces dernières.
Une étude portant sur le réchauffement climatique montre que nous allons vers un monde de plus en plus désertique[5]. Cela concerne aussi bien les pays développés que les pays du sud. L’étude montre notamment que l‘Espagne, Italie, la France (la partie sud) subiraient de fréquents phénomènes de sécheresse. Elle montre également que d’ici 2050, 24 à 32 % des terres émergées pourraient être désertiques. Cela causerait notamment des problèmes migratoires et des problèmes agricoles. Toujours selon la même étude, le réchauffement climatique serait responsable des milliers de déplacés à cause des catastrophes naturelles.
Les océans sont des réservoirs naturels de CO2. Cependant, une forte concentration de CO2 dans les océans forme une réaction chimique qui acidifie les eaux. Pendant la période préindustrielle, le pH des océans était d’environ 8,15, il est d’environ 8,05 de nos jours. Plus il y a de CO2 dans l’atmosphère, plus les océans seront acidifiés. Certains êtres-vivants (mollusques, coreaux) auront du mal à survivre dans leur habitat et seront moins nombreux. Les poissons seront aussi affectés par ce phénomène. L’ensemble de la chaîne alimentaire est donc en péril.
La production d’électricité est à l’origine de 41% des émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie dans le monde en 2019 [6] selon l’Agence Internationale de l’Énergie. En France, 18,80 millions de tonnes de CO2 dues à la production d’électricité ont été émises en 2021, soit une baisse de 33,55% par rapport à 2017. Les sources de ces émissions sont pour la majorité les combustibles fossiles (charbon, fioul, gaz) [7].
Combustion d’énergie, émissions de CO2 et dérèglement climatique
Source : Ministère de la Transition Ecologique, via les données de l’AIE, 2022
Cela ne correspond qu’au CO2 émis durant la production. Mais pour pouvoir comparer les moyens de production entre eux en termes d’émissions, il faut aussi prendre en compte les émissions dues à la fabrication, l’installation, la maintenance et le démantèlement des centrales. Pour cela on utilise l’analyse du cycle de vie (ACV). Cet indicateur s’intéresse aux impacts environnementaux d’un produit ou d’un service sur l’ensemble de son cycle de vie – de l’extraction et du traitement des matières premières, des processus de fabrication, du transport et de la distribution, de l’utilisation et de la réutilisation du produit fini et, finalement, du recyclage et de la gestion des déchets en fin de vie.
Par exemple, pour un parc éolien, le cycle de vie peut se présenter ainsi :
Dérèglement climatique : quel impact du cycle de vie des moyens de production ?
Cette analyse du cycle de vie s’applique aux différentes technologies [8] utilisées pour produire de l’électricité que sont les combustibles fossiles (charbon, fioul ou gaz), le nucléaire et les énergies renouvelables (éolien, solaire ou hydraulique). On observe alors qu’une centrale à charbon émet en moyenne 1060 g de CO2 par kilowattheure (kWh) produit et 730 g pour une centrale au gaz. Pour les énergies renouvelables, un kWh de solaire photovoltaïque émet entre 50 et 150 g de CO2 (cela dépend du lieu de fabrication des panneaux photovoltaïques), un kWh d’éolien 3 à 22 g, et un kWh d’hydraulique 6 g de CO2. Quant au nucléaire, en tenant compte du futur démantèlement des centrales vieillissantes, 1 kWh d’électricité pro- duite représente 6 g de CO2 émis.
Filières énergétiques et émissions de CO2, responsables du dérèglement climatique ?
Source : ADEME, bilan GES
La comparaison entre les moyens de production est donc plus réaliste en prenant en compte l’ACV et montre bien que les combustibles fossiles ne devraient plus être une option pour produire de l’électricité, au vu de leur important taux d’émission de CO2 au cours de leur cycle de vie.
Bien qu’elles n’aient pas un bilan carbone totalement neutre, les énergies renouvelables, aussi dites vertes, et le nucléaire émettent bien moins CO2. Au premier abord, les énergies vertes et le nucléaire resteraient les moyens de production les plus respectueux de l’environnement au vu de leurs faibles émissions de CO2. Il faut tout de même garder à l’esprit que le nucléaire émet des déchets radioactifs que l’on ne sait pas encore recycler et qui doivent être stockés sous terre ou dans des entrepôts.
Pour mieux comprendre les intérêts des énergies renouvelables pour notre planète ainsi que pour l’homme, nous vous invitons à découvrir la troisième partie de notre dossier sur les enjeux de la transition énergétique du réseau électrique européen, en abordant les risques et impacts des énergies fossiles et fissiles.
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Les enjeux de la transition énergétique du mix électrique [1/4] – Indépendance énergétique et géopolitique
L’indépendance énergétique
Le changement climatique
Les risques liés à la production d’électricité
L’essor économique des énergies renouvelables
Mise à jour le 5 avril 2023
Quels sont les enjeux de la transition énergétique aujourd’hui ?
Les énergies renouvelables ont une incidence sur les cinq composantes du développement durable (le social, l’environnement, l’économie, la politique et la géopolitique). Peu nocives pour l’Homme, elles permettent de tendre vers plus d’indépendance énergétique, de limiter l’impact environnemental de nos activités et de revaloriser les économies locales.
Dans de ce dossier en cinq volets, nous nous intéressons aux enjeux d’une transition énergétique du mix du réseau électrique européen. Cette première partie se concentrera sur l’indépendance énergétique et géopolitique.
L’indépendance énergétique d’un pays fait état de son autonomie vis à vis de son besoin en énergie. On appelle taux d’indépendance énergétique le rapport entre la production et la consommation nationale d’énergies primaires. Ces énergies son diverses. On appelle « énergies primaires » les énergies naturellement disponibles et directement utilisables. Elles incluent le fossile (pétrole, charbon, gaz naturel), le fissile (l’uranium) et le renouvelable (vent, hydraulique, biomasse, solaire, géothermie). Notons que l’électricité présente à l’état naturel (éclairs, électricité statique), n’est pas exploitable.
Un taux d’indépendance énergétique supérieur à 100% signifie que la production nationale surpasse la demande intérieure. On parle alors de solde exportateur. L’unité de mesure de l’indépendance énergétique se lit en « tonne équivalente pétrole » (tep).
La loi sur la transition énergétique aborde le sujet de l’indépendance énergétique. Être autonome énergétiquement, c’est éviter tout problème d’approvisionnement, en particulier en cas de conflit géopolitique. Par ailleurs, l’indépendance énergétique est cruciale pour l’économie, puisqu’elle permet de maîtriser et de stabiliser le coût de l’énergie. Ce dernier point n’est pas toujours une évidence, d’autant plus quand certains pays influencent les prix.
Le choc pétrolier de 1973 a eu des conséquences sur le prix et l’approvisionnement qui se sont faites ressentir dans le monde entier. Encore aujourd’hui, les guerres entre les puissance ont des conséquences sur le plan énergétique. Ce fût le cas de la guerre en Irak et ça l’est encore aujourd’hui avec le conflit russo-ukrainien.
Le cas de l’Union européenne et de la Russie est un très bon exemple. En 2021, 44% des importations de gaz en Europe provenaient de Russie [1]. En 2022, alors que la guerre en Ukraine éclate, le gaz russe ne représente plus que 23% des importations. Rémi Bourgeot [2], économiste spécialiste de la politique européenne confirme que « l’énergie est au cœur de la relation Europe-Russie ». D’ailleurs, le conflit russo-ukrainien a eu des répercussions sans précédent sur le marché européen de l’énergie et montre que :
la géopolitique a une influence directe sur les conditions d’approvisionnement d’un pays, voire sur les conditions de sa subsistance même ;
les questions de sécurité d’approvisionnement ont une influence jusqu’aux consommateurs finals eux-mêmes.
Les conflits géopolitiques autour de l’énergie sont bien réels et les relations entre les puissances sont directement influencées par leurs intérêts énergétiques. L’indépendance énergétique d’un pays s’avère ainsi cruciale pour qu’il puisse prospérer.
En 2021 la France affichait un taux d’indépendance énergétique de 55%[3]. Si l’on regarde en détail :
notre consommation primaire d’énergie s’est élevée à 2 769 TWh (+7,7% par rapport à 2020)
notre production d’énergie primaire à 1 524 TWh la même année (+6,8%).
Evolution du taux d’indépendance énergétique en France depuis 1973
Source : Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire
Notons ici que le terme « électricité primaire » porte à confusion et que dire que l’électricité est une « source d’énergie » est un abus de langage. Il est plus juste de la qualifier d’« énergie secondaire » ou de « vecteur énergétique ».
La France et le nucléaire : peut-on vraiment parler d’indépendance énergétique ?
La France se distingue de ses voisins européens par sa forte production d’électricité issue du nucléaire. Avec 56 réacteurs [4], le parc français a produit 279 TWh en 2022 (-23% par rapport à 2021), soit 63% de notre production totale d’électricité [5].
Notons que depuis 2001, plus aucune mine d’uranium n’est présente sur le sol français [6]. Pour s’approvisionner, la France est contrainte d’acheter ou de produire de l’uranium à l’étranger. Selon la WNA, notre uranium provient majoritairement du Niger et du Canada où l’entreprise française Orano possède plusieurs mines. Le reste provient du Kazakhstan et de l’Australie, deux des plus gros producteurs mondiaux d’uranium [7]. Si les relations entre la France et ces pays venaient à se détériorer, notre approvisionnement en uranium pourrait être compromis.
Une question se pose alors : que se passe-t-il si l’on considère l’électricité produite à partir d’uranium comme de l’énergie importée ? Notre production d’énergie primaire baisserait drastiquement et ramènerait notre taux d’indépendance à 13% seulement. Conclusion : la France n’est pas si indépendante, du moins énergétiquement parlant.
Indépendance énergétique : qu’en est-il des énergies fossiles ?
Outre le nucléaire, notre pays est dépendant des énergies fossiles. Depuis 2015, la France dépend (quasi) totalement de l’extérieur pour ses besoins en gaz naturel, en pétrole et en charbon [8].
Importation d’énergie fossile en France par source de provenance (2021)
L’indépendance énergétique est un enjeu d’avenir. En favorisant la production d’énergie sur notre sol notre pays limiterait ses importations, ce qui nous permettrait de tendre vers plus d’indépendance énergétique et favoriserait l’émergence de territoires privés d’électricité.
Une telle stratégie implique nécessairement le développement des énergies renouvelables et une augmentation de leur part dans le mix énergétique français. Ces énergies peuvent nous affranchir des enjeux géopolitiques et des prix imposés par les marchés internationaux. Nous pourrions alors diversifier les moyens de production, tout en sécurisant l’approvisionnement en énergie grâce à des sources abondantes et disponibles localement.
« L’énergie c’est plus que la puissance, c’est la vie même qui en dépend : sans soleil toute vie cesse, sans énergie, il n’y a plus ni indus-trie, ni agriculture, ni transports. Dans ces conditions, celui qui détient l’énergie exerce sur celui qui en dépend un pouvoir absolu de vie ou de mort ». [9]
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Alors que la France figure tristement parmi les derniers en Europe à consommer de l’électricité verte avec 17,43 % seulement, des millions de Français cherchent à agir en marchant pour le climat ou en luttant contre l'écologie punitive.
Faire le choix de l'électricité verte, c'est décarboner notre air, soutenir une économie pérenne, locale et assurer un futur vivable pour nos enfants.
Notre objectif : faire de la France le 1er pays consommateur d'électricité verte en Europe
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Ce que l'on fait 💪
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Expertise sur les Garanties d'origine
On a créé une documentation et des discours sourcés et fiables sur les Garanties d'origine, son marché et ses évolutions.