Énergies renouvelables et potentiel économique

par | Juin 30, 2020 | Actualités

Mise à jour le 28 mars 2023

Crise économique, croissance, relance de l’activité, relations internationales… Des thèmes qui – en cette période post-crise sanitaire et conflit russo-ukrainien – influencent directement la transition énergétique.
Alors que les prix du gaz et du pétrole sont littéralement en train de flamber, une prise de conscience collective s’opère à propos de notre dépendance énergétique. Hors, les énergies renouvelables constituent une réponse franche à cette dépendance. Rappelons aussi qu’en pleine pandémie ces dernières ont été capables d’assurer pour la 1ère fois une part plus élevée de la production électrique que le fossile
Sur quoi la France peut-elle (et doit-elle) miser pour relancer l’économie et éviter une flambée des prix, sans perdre de vue ses objectifs de transition énergétique ? Les énergies renouvelables sont-elles une solution ?

Dans cet article, nous verrons en quoi les énergies renouvelables constituent un moteur de relance économique :

 

Le coût de production des énergies renouvelables ne cesse de baisser

La décennie 2010 – 2021 a été une période record de réduction des coûts de production pour le renouvelable dans le monde, en particulier pour le solaire et l’éolien. Nous avons décrypté le rapport de l’IRENA à ce sujet [1]

  • ☀️ Côté photovoltaïque (PV), le coût de production des grandes installations a chuté de 87% entre 2010 et 2021 ! Cela équivaut à une baisse de 0,381 USD/kWh en 2010 à 0,048 USD/kWh en 2021.
  • 💨 En ce qui concerne l’éolien terrestre, le coût moyen de production d’électricité a baissé de 63% entre 2010 et 2021, passant de 0,089 USD/kWh à 0,033 USD/kWh.
  • 💧 Quant à l’éolien offshore, le coût de production moyen des derniers projets installés est passé de 0,162 USD/kWh en 2010 à 0,075 USD/kWh en 2021, soit une baisse de 54% sur cette période.

Nous observons d’ailleurs une différence structurelle entre la baisse des coûts de production du photovoltaïque versus celle de l’éolien. Côté PV, la baisse s’explique principalement par la réduction des coûts d’installation. Côté éolien, la chute des coûts se trouve en amont dans la chaîne de valeur, notamment sur la baisse de prix des turbines.

 

Coût de production des EnR en USD/kWh par technologie (2020 – 2021)

cout de production éolien et photovoltaïque

Source : IRENA

Comment expliquer une baisse si phénoménale en 10 ans ? Tout d’abord, grâce aux politiques de soutien et de subvention locales et ciblées, pour le développement de moyens de production renouvelables.

Notons également que les énergies renouvelables ne connaissent pas l’effet de rareté (contrairement aux énergies fossiles) et que leur développement dépend uniquement de nos avancées technologiques. En effet, il nous faut creuser toujours plus et effectuer toujours plus de manœuvres politiques (le conflit russo-ukrainien actuel en est le parfait exemple) pour accéder à des ressources fossiles. Les technologies utilisées pour exploiter les EnR se font quant à elles toujours plus efficaces et perfectionnées, générant au fil du temps des économies d’échelle et nous permettant au passage d’accéder à plus d’indépendance énergétique.

L’option charbon plus coûteuse que les énergies renouvelables ?

Toujours dans son rapport, l’IRENA met en avant le fait que plus des 2/3 (soit 163 GW) de la capacité renouvelable installée en 2021 étaient moins coûteux que les options au charbon les moins chères. À titre de comparaison, le prix moyen pondéré mondial des nouvelles centrales solaires photovoltaïques et hydroélectriques était inférieur de 11% à celui de la nouvelle option de production d’électricité à partir de combustibles fossiles la moins chère. Cela qui confirme le rôle essentiel des énergies renouvelables compétitives en termes de coûts pour faire face aux crises énergétiques et climatiques d’aujourd’hui [2].

Beaucoup seront tentés de dire que la France n’est pas concernée puisqu’elle produit majoritairement son électricité grâce au nucléaire (63% en 2022) [3]. Néanmoins, rappelons que notre réseau électrique est européen, et que de nombreux pays font encore tourner des centrales à gaz et à charbon. En tant que consommateurs français, nous jouons un rôle dans le maintien de ces centrales. On vous explique pourquoi ici.

 

Les énergies renouvelables créent de l’emploi

Au-delà des coûts de production en baisse, le secteur des énergies renouvelables participe aussi à la création d’emplois. En 2021, cela concernait plus de 12,7 millions de personnes à travers le monde (+700 000 par rapport à l’année précédente) [4]. Côté européen, les EnR embauchaient en 2021 plus d’1,24 million de personnes. Et parmi les pays qui participent le plus à la création de ces emplois, on retrouve l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni et la France.

Qu’en est-il de la France justement ? En 2021, les énergies renouvelables employaient + de 70 000 personnes sur notre sol [5]. Notre pays représente encore aujourd’hui un potentiel encore trop peu exploité. Prenons l’exemple de la filière éolienne : en 2021, elle concentrait 22 600 emplois directs et indirects sur notre sol (soit +12% par rapport à 2019). Pourtant, la France est la 4ème plus grande capacité éolienne d’Europe ! Des efforts sont donc encore à faire…

Les emplois créés par les énergies renouvelables, par technologie (monde)

emplois créés par les énergies renouvelables potentiel économique

Source : IRENA

Revenons à l’échelle mondiale et penchons-nous sur les emplois créés par technologie (graphique ci-dessus). On note que le photovoltaïque, les biocarburants et l’hydraulique constituent les filières porteuses. En 2021, elles représentaient respectivement 4,2 millions ; 2,4 millions et 2,3 millions d’emplois. Soit à eux seuls, 70% des postes sur secteur…

Pour aller plus loin sur ce sujet, nous vous conseillons vivement notre article « Les énergies renouvelables créent de l’emploi ! ».

Les énergies renouvelables, un tremplin pour l’emploi en France

Autre information intéressante que nous mettons en avant dans un dossier complet dédié aux enjeux de la transition énergétique du mix électrique, celle du ratio entre production d’électricité et création d’emplois selon les différentes énergies (cf. tableau ci-dessous).

Rapport production d’électricité et création d’emplois grâce aux énergies renouvelables et au nucléaire en France

  Production d’électricité (en GWh) Chiffre d’affaire (M€) Emplois directs en France
(GWh / emplois)
Total Renouvelable (inclus énergies marines et géothermie)

120 447

23 667 70 426 1,7
Hydraulique 59 196 3 281 12 060 4,91
Eolien 37 004 7 038 19 305 1,92
Solaire 14 954 8 381 19 990 0,75
Bioénergie 8 713 3 584 12 480 0,70
Nucléaire 270 000 47 500 220 000 1,23

Source : RTE ; Observ’ER ; GIFEN [6]

Comment lire ces informations ? Et bien c’est très simple : pour produire 1 TWh d’électricité, les énergies renouvelables (toutes confondues) emploient directement en France 1 700 personnes. La filière renouvelable est ainsi la filière énergétique avec le meilleur ratio GWh produit / emploi créé. Cependant ce chiffre est à modérer en prenant en compte que la filière hydraulique a un potentiel de développement plutôt limité sur notre territoire. En réalité, ce sont les filières photovoltaïque et éolienne qui possèdent le plus grand potentiel de développement, surtout au regard de l’énorme gisement éolien en mer inexploité que les côtes françaises représentent.

Au vu du rapport de l’IRENA et des objectifs fixés par la PPE, la transition énergétique de notre pays et de l’Europe plus globalement va permettre un essor massif des énergies renouvelables. Il est évident qu’en plus de devenir complémentaires à la filière nucléaire, les filières photovoltaïque et éolienne françaises vont devenir un véritable tremplin pour l’emploi dans les années à venir.

 

Le potentiel des énergies renouvelables en termes d’emploi

Tous les chiffres énoncés plus haut sont certes encourageants, mais ne représentent encore qu’une petite partie du potentiel économique que constituent les énergies renouvelables. Et comme évoqué en introduction, nous en avons eu un aperçu pendant la crise du COVD-19.

Le COVID-19, situation inédite pour les énergies renouvelables

Les EnR ont respectivement représenté 26,93% et 23,61% de la production totale d’électricité en mars et avril 2020, contre une moyenne de 19,84% sur l’année 2019. Dans notre dernier article actualité « COVID-19 et énergie : 5 points à retenir », nous vous expliquons en détails les raisons de cette tendance, qui sont les suivantes :

  • En cas de forte baisse de la consommation électrique – ce qui a été le cas dernièrement, la priorité est donnée aux centrales renouvelables dont la production est dite « fatale » (= que l’on ne peut pas contrôler). Ce qui est logique : on ne peut pas empêcher l’eau de couler, ni le vent de souffler, ni le soleil de briller, etc. : autant en profiter quand les conditions météorologiques sont réunies.
  • Pendant le confinement la consommation électrique journalière moyenne a connu une baisse de 15 à 20%. Cela a mécaniquement demandé à la production de s’équilibrer, donc de baisser, laissant une plus grande part aux énergies renouvelables dans le mix de production.
  • Notons par ailleurs que les mois de mars et d’avril ont été particulièrement venteux et ensoleillés. Des conditions météorologiques qui ont largement favorisé la production éolienne et solaire sur le territoire.

L’année dernière, le volume d’électricité (toutes origines confondues) produite a augmenté,

 

Ces deux facteurs couplés ont engendré une diminution de la production des centrales nucléaires, centrales à gaz, fuel et à charbon un peu partout en Europe. La part des énergies renouvelables dans le mix de production électrique européen a donc nettement augmenté. Et tous les foyers n’en n’ont pas moins été alimentés en électricité !

Finalement, la crise sanitaire aura montré que même intermittentes, les énergies renouvelables sont capables d’assurer une partie plus importante de notre production électrique : la définition même de la transition énergétique.

 

Conclusion

Finalement, ce sont autant de signaux positifs qui amènent à penser que les EnR constituent un véritable levier de relance économique après la période que nous avons vécue. Pour aller plus loin et exploiter leur potentiel, il suffit de se donner les moyens de le faire en :

  • Développant les moyens de production actuels et en en construisant de nouveaux ;
  • Exploitant les zones géographiques du territoire français à fort potentiel ;
  • Faisant le choix à notre échelle (en tant que consommateurs finaux) de consommer de l’électricité verte. Un accroissement de la demande obligera justement les producteurs à investir pour mettre en œuvre le point ci-dessus.

 

Sources :
[1] IRENA ; « How Falling Costs Make Renewables a Cost-effective Investment »,2021
[2] IRENA ; « How Falling Costs Make Renewables a Cost-effective Investment », 2021
[3] Rte ; « Bilan électrique 2022 »
[4] IRENA ; « Renewable Energy and Jobs : Annual Review 2022 »
[5] Observ’ER ; « Baromètre 2022 des énergies renouvelables électriques en France »
[6] GIFEN ; Chiffres filière nucléaire

Photo by Martijn Baudoin

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